Vous l’aurez deviné, nous vous parlerons ici du Giroflier de Madagascar car c’est de là que provient notre huile essentielle bio de Clou de Girofle.
QUESTION DISTILLATION
Quelle partie du giroflier est utilisée pour la distillation ?
A/ les boutons floraux avant leur éclosion, autrement dit les clous de girofle !
B/ les feuilles
C/ les fruits
Huile essentielle de Clou de Girofle
Aujourd’hui on connaît Madagascar pour sa production de vanille, de café, de girofle, et aussi d’huiles essentielles d’ylang-ylang et de ravintsara. Il est essentiel de préciser que cette immense île de l’Océan Indien située en face des côtes africaines accueille une biodiversité comptant près de 12 000 plantes différentes !
CÔTÉ HISTOIRE
Le girofle trouve ses origines aux îles Moluques, situées dans l’archipel indonésien. Très connu et utilisé par les Chinois sous la dynastie Han, jusqu’à 220 après Jésus-Christ, son commerce le fait connaître des Arabes, puis des Romains. Durant le Moyen-âge, il fut très à la mode dans toute l’Europe tant pour ses vertus antalgiques que pour ses pouvoirs rafraîchissants au niveau de l’haleine. Ce sont ensuite les Portugais au XVIe siècle puis les Hollandais au XVIIe qui eurent le monopole sur la production et l’exportation du clou de girofle depuis les îles indonésiennes.
Autour de 1770, Pierre Poivre, un Français établi à l’île Maurice récupéra quelques plants lors de ses expéditions et réussit à les acclimater tout d’abord à Maurice puis à la Réunion. Ensuite, le giroflier fut introduit à Madagascar vers 1823, très exactement sur l’île Sainte Marie, une petite île située en face de la côte Est de la Grande Île de Madagascar.
Dès 1887, des plantations voient le jour sur la côte orientale de la Grande Ile. Depuis, les cultures de giroflier se sont développées et structurées.
Côté vertus, au XVIe siècle, le médecin Ambroise Paré présente en France le clou de girofle comme un analgésique dentaire. Une réputation déjà connue depuis l’Antiquité et qui s’est maintenue jusqu’à notre époque.
Deux produits principaux sont issus du giroflier :
- Les clous séchés, qui sont en réalité des boutons floraux, récoltés avant l’éclosion des fleurs. Ils sont utilisés comme épices, et en distillation pour produire l’huile essentielle de Clou de Girofle.
- Les feuilles sont distillées pour produire l’huile essentielle de Feuille de Girofle
Madagascar 1er exportateur de clous de girofle
Madagascar est actuellement le 2nd producteur mondial de girofle et le 1er exportateur ! Le premier pays producteur de Girofle est l’Indonésie et c’est aussi le premier consommateur.
Les clous de girofle broyés entrent en effet dans la composition de cigarette très prisée en Indonésie « Les kretek ». La fabrication des kretek utilise à elle seule 95 % de la production mondiale de clous de girofle. Les clous sont autrement vendus en tant qu’épices. Seulement une toute petite partie de cette production sera distillée.
A Madagascar, les premières distillations non pas de clous mais de feuilles ont lieu au début des années 1900 et se développent progressivement au cours du XXe siècle. En quelques décennies, Madagascar est devenu le premier producteur et exportateur mondial d’huile essentielle de girofle (clous ou feuilles).
Aujourd’hui, environ 60 000 Malgaches dépendent de cette filière qui produit environ 1 500 tonnes d’huiles essentielles de girofle par an (sans parler de la production de clous séchés directement exportés)
Les problématiques au XXIe siècle
Actuellement, les sujets de la biodiversité et du renouvellement des ressources est au cœur des préoccupations des agriculteurs et des producteurs d’huiles essentielles.
Depuis le début des années 2000, Madagascar fait face à plusieurs problématiques concernant la culture du giroflier :
- Le vieillissement des arbres et donc la baisse de production de clous
- Un inquiétant manque de renouvellement des cultures,
- L’insecte foreur du giroflier : le Chrysotypus mabilianum qui peut provoquer de gros dommages dans les plantations
- l’antagonisme entre la production de clou séché et d’huiles essentielles.
- la nécessaire modernisation des alambics servant à la distillation chez les petits et moyens producteurs
- Le reboisement nécessaire pour contrer la déforestation massive grâce à des projets agricoles de types “agroforesterie” permettant une diversité de cultures et donc de revenus. (Ajoutant à cela la possibilité d’obtenir des ressources boisées pour faire fonctionner les alambics et de construire des habitations et des hangars)
Différents projets sont menés pour mettre en œuvre des solutions pérennes. Il est d’autant plus important aujourd’hui de faire attention à la provenance de vos huiles essentielles quand il s’agit de produits importés. A Bel Air nous vous garantissons une huile essentielle produite de façon raisonnée et raisonnable issue d’une Distillerie respectant à la fois la biodiversité et les populations locales. Bien entendu, cette huile provient de girofliers cultivés en agriculture bio.
CÔTÉ DISTILLATION
A Madagascar, la production d’huiles essentielles met longtemps à se structurer tout d’abord à cause du coût et des difficultés logistiques pour importer des alambics. Une fois que l’alambic est arrivé sur l’Île, il faut encore l’acheminer au plus près des cultures et avoir assez de ressources boisées pour le faire fonctionner. Ce souci est toujours présent aujourd’hui. La filière de production d’huiles essentielles se développe et se structure entre 1950 et 1970. Depuis elle se professionnalise lentement mais sûrement grâce aux différentes initiatives menées souvent par les Distilleries elles-mêmes.
70% de la production de girofle malgache vient des côtes nord-est de la Grande Île. Plus précisement dans la région d’Analanjirofo, nom propre pouvant être traduit par le chemin du girofle. Cette production est essentiellement dédiée aux épices.
30% des clous de girofle de Madagascar proviennent du Sud-Est. La qualité des clous de girofle de cette région est en effet plus propice à la production d’huile essentielle. Et oui, notre huile essentielle de clou de girofle vient bien de cette région de l’Île !
Une production d’huile essentielle en hausse
La production de girofle dédiée à la distillation est en augmentation. Et cela de façon constante à cause d’une demande en croissance depuis plusieurs années. Les essences de feuilles provenant de Madagascar sont en effet réputées pour contenir une forte concentration d’eugénol, dans une proportion de 75 % à 88% dans l’essence. Tandis que l’huile essentielle produite en Indonésie contient moins d’eugénol. L’huile essentielle de feuilles est moins connue des particuliers que l’huile essentielle de clou car elle est majoritairement achetée par les industriels du monde pharmaceutique. C’est d’ailleurs la France qui est aujourd’hui le premier acheteur d’huile essentielle de feuilles de giroflier malgache.
Une des principales raisons de la généralisation actuelle de la distillation des feuilles de giroflier à Madagascar est le prix relativement élevé de l’essence sur le marché et le fait que la production de l’essence de feuilles est un moyen commode de se procurer de l’argent à toute époque de l’année.
En face, la récolte du clou étant saisonnière et nécessitant beaucoup de main d’œuvre, cela provoque un fort besoin de trésorerie pour les producteurs au moment de payer les ouvriers et les ouvrières. Malheureusement beaucoup d’arbres ont vu leurs feuilles récoltées de trop nombreuses fois et produisent de moins en moins de clous. De plus, des récoltes peu respectueuses abîment parfois durablement les plantations.
Les rendements connus pour les feuilles sont de l’ordre de 2 % en masse. Pour les clous, le rendement est de l’ordre de 15 à 20 %.
Des évolutions techniques nécessaires
Nous vous parlions plus haut de la nécessaire modernisation des systèmes de distillation sur la Grande Ile. Aujourd’hui les alambics présents en nombre sont ceux des petits et moyens producteurs. Ces alambics produisent en moyenne 4 à 5 litres d’huiles essentielles en 24h. Et il faudra pour cela utiliser 450 kg de bois, soit 2,5 m cubes.
Et c’est une des causes de la déforestation se déroulant chaque jour à Madagascar. Un producteur raconte qu’il y a 20 ans, ils coupaient les arbres autour de la Ferme. Ils doivent aujourd’hui parcourir presque 20 km pour aller chercher du bois.
Or rénover un alambic peut permettre rapidement de :
- réduire la durée de distillation de 24 à 12h sans diminuer la qualité de l’huile extraite,
- diminuer de 30% la consommation de bois,
- augmenter le rendement de 20% en moyenne.
CÔTÉ BOTANIQUE
Le giroflier a une forme conique, c’est un arbre à feuillages persistant de la famille des Myrtaceae. Son nom latin est Eugenia caryophyllus. Il mesure en moyenne de 10 à 12 mètres, et peut atteindre jusqu’à 20 mètres de haut ! Ce qui rend d’autant plus complexe la récolte des clous !
Originaire d’Indonésie, il est aujourd’hui cultivé dans plusieurs endroits du monde. Les 3 plus gros producteurs sont l’Indonésie, Madagascar et l’Île de Zanzibar (Tanzanie). Viennent ensuite le Brésil, le Sri Lanka et les Comores.
Pour sa culture, le giroflier requiert un sol fertile moyennement compact. La plante ne supporte pas le contact prolongé avec l’eau et craint les terrains trop légers. De façon épisodique et très localisée, des cyclones peuvent causer de gros dommages aux plantations. En effet, ces arbres ont un système racinaire très superficiel et les bourrasques venteuses peuvent facilement les arracher.
Récolte et productivité
Ses feuilles persistantes sont ovales et coriaces. Une couleur rouge éclatante caractérise les fleurs à 4 pétales. Les boutons floraux sont nommés « clous de girofle » avant leur épanouissement. On les récolte entre septembre et janvier avant de les laisser sécher au soleil jusqu’à ce qu’ils prennent une teinte brun foncé. Ils seront ensuite rapidement distillés.
Un giroflier commence à donner des fruits à l’âge de 5 ou 6 ans. La première floraison normale se produit vers les 8-10 ans. Dès ce moment là, la production de clous de girofle peut devenir exploitable. Cependant, pour atteindre la pleine production optimale de clous, le giroflier doit être âgé d’au moins 20 ans. Il peut ensuite vivre plusieurs dizaines d’années s’il est bien entretenu.
La production des girofliers est très irrégulière. En effet, on ne peut compter sur une bonne production qu’une fois tous les trois à quatre ans. Un arbre produit annuellement entre 6 et 16 kg de clous frais. Par ailleurs, une faible pluviométrie favorise la production des clous au détriment des feuilles et réciproquement.