Question Distillation
Pour obtenir l’huile essentielle de Ravintsara, quelle partie de la plante distille-t-on ?
A/ le bois
B/ les feuilles
C/ les deux ensembles
CÔTÉ HISTOIRE
Le Camphrier, ou Bois de Hô, ou Ravintsara est une plante originaire d’Asie. Au fur et à mesure des siècles et grâce à la curiosité des explorateurs et autres botanistes, le Camphrier arrivera finalement à Madagascar où il évoluera botaniquement pour devenir le Ravintsara.
Les premières descriptions de l’utilisation du Cinnamomum camphora datent des voyages de Marco Polo en Asie à la fin du XIIIe siècle. A cette époque, les Chinois utilisent beaucoup l’huile essentielle du bois de Hô. Cela nous le savons grâce aux témoignages de Marco Polo. Le bois de Hô est aujourd’hui toujours très présent en Chine, au Japon et à Taïwan.
Les chinois en faisaient déjà un usage médical (selon leur médecine traditionnelle) sous forme de baumes et de lotions entre autres et utilisent cette plante depuis des siècles.
Ailleurs, les Japonais vénèrent le camphrier. Il est d’ailleurs devenu l’emblème de la ville d’Hiroshima car il fut le premier à reverdir après le bombardement atomique du 6 août 1945. En Chine, il incarne l’arbre de vie, du fait des baies qui permettraient d’atteindre l’immortalité lorsqu’on les consomme. Entre légendes millénaires et usages pharmaceutiques étudiés par la science, cette plante déchaîne les passions depuis longtemps.
La “naissance” du Ravintsara
Entre le XVI et le XVIIe siècle, ce camphrier décrit par Marco Polo aurait donc été importé depuis l’Asie vers Madagascar. Il s’adapte très rapidement aux conditions climatiques de cette île située dans l’Océan indien. Son acclimatation fait alors évoluer sa composition chimique : les fortes teneurs en camphre disparaissent au profit de celle du 1,8-cinéole (eucalyptol). En effet, contrairement à son ancêtre le camphrier originaire d’Asie, le Ravintsara produit une huile essentielle sans camphre ni safrole.
Dès lors, les malgaches le baptiser Ravintsara qui signifie « feuille bonne à tout » et vont très vite utiliser les propriétés médicinales de cet arbre. Ce nom vient de la contraction de mot de langue malgache : Ravina, la Feuille, Tsara, Bonne.
Le commandant français Etienne de Flancourt (alors “gouverneur résident” de Madagascar) la mentionne en 1658 dans l’ouvrage Histoire de la grande isle Madagascar. En effet il avait observé un usage massif de cette plante par la population locale pour se soigner. À l’époque, il la décrit comme étant une plante aux propriétés miraculeuses capables de guérir toutes sortes de maladies et d’infections.
D’après différentes sources historiques, les feuilles de Ravintsara seront distillées pour la première fois un siècle plus tard, en 1775, par le pharmacien et chimiste Antoine Baumé.
Aujourd’hui
Initialement le Ravintsara poussait à l’état sauvage. La demande croissante de cette huile essentielle a entraîné une cueillette intensive, non encadrée et une surexploitation au début des années 2000. Les producteurs se servaient simplement là où il y en avait. Dans les parcs, sur les places de villages, en pleine rue et même dans les cours d’écoles !
Une loi malgache encadre aujourd’hui la cueillette du Ravintsara. Elle peut seulement avoir lieu dans des plantations et non plus sur la voie publique
L’export à l’étranger est la principale destination de l’huile essentielle de ravintsara malgache. En effet la population locale continue d’utiliser aujourd’hui les feuilles directement plutôt que l’huile essentielle.
CÔTÉ DISTILLATION
L’huile essentielle de Ravintsara est extraite des feuilles de l’arbre.
Il est possible de les récolter presque toute l’année en dehors de la saison des pluies de novembre à janvier.
Notre partenaire à Madagascar récolte uniquement les feuilles, pas les branches ni les rameaux. D’autres producteurs pratiquent également la récolte manuelle des feuilles. C’est une opération qui demande beaucoup de main d’œuvre. Cela donne une huile essentielle très douce par rapport à d’autres huiles de ravintsara.
Le séchage des feuilles dure de quelques heures à 2 jours maximum. Elles sont ensuite distillées durant environ deux à trois heures. Pour obtenir 1 litre d’huile essentielle, 125 kilos de feuilles seront distillés.
Comme nous le disions plus haut, le Camphrier originaire d’Asie s’est adapté au sol malgache et a acquis des propriétés uniques au monde. Pour un camphrier, il possède en effet 50% de 1.8 cinéol et quasiment pas de camphre.
3 types de Camphrier
Pour résumer, il existe 3 camphriers distincts. La composition chimique des huiles essentielles est direction influencée par l’origine géographique du camphrier
Bois de Hô ou aussi appelé Bois de Shiu, il s’agit du camphrier cultivé en Chine. Il donne l’huile essentielle de Bois de Hô. La partie distillée est bien le bois et non les feuilles. Le nom latin qui le définit pour les huiles essentielles est celui-ci : Cinnamomum camphora ct linalol.
Le camphrier cultivé au Vietnam a développé un profil biochimique plus riche en camphre. La distillation de son bois donnera l”huile essentielle de camphre. Son nom latin est le suivant : Cinnamomum camphora ct camphre.
Et enfin le camphrier qui s’est adapté au biotope très spécifique de l’Ile de Madagascar se nomme aujourd’hui Ravintsara. Seules les feuilles seront distillées et cela donnera l’huile essentielle de Ravintsara. Son nom latin est Cinnamomum camphora ct cinéole.
Un dernier point de vigilance à avoir à propos du Ravintsara est celui de la confusion encore aujourd’hui entre le Ravintsara et le Ravensare. En effet, on entend encore souvent les consommateurs, voir même les vendeurs, dire que ce sont des huiles essentielles identiques. Bien que les deux plantes poussent à Madagascar, la composition chimique de leurs huiles essentielles est bien différente.
CÔTÉ BOTANIQUE
Le Ravintsara est un arbre de la famille des Lauracées, dont le nom botanique est Cinnamomum camphora. C’est un arbre à feuillage persistant. A Madagascar, il est présent sur les Hauts Plateaux, au centre de l’île et sur les côtes.
Les feuilles persistantes et coriaces sont ovales, lustrées et étroites ne dépassant pas 10 cm de long. Ces feuilles sont marquées par des nervures, passant du rouge-verdâtre au vert vif. Des petites fleurs en coupe de couleur jaunâtre forment des bouquets de 6-7 cm de diamètre, entre mars et juin. Il peut atteindre jusqu’à 30 mètres de haut.
Le camphrier poussera difficilement dans votre jardin puisqu’il vit plutôt sous des latitudes tropicales.De plus, il requiert une température d’au moins 5°C ! Il peut toutefois supporter les petites gelées. Ainsi pour son feuillage décoratif et aromatique, les pépinièristes le cultivent parfois sous serre.
On compte plus de 250 espèces de Cinnamomum mais la plus répandue est le camphrier, Cinnamomum camphora. On trouve également dans cette famille de Cinnamomum la cannelle de Ceylan, Cinnamomum zeylanicum, et la cannelle de Chine, Cinnamomum cassia.
Vous souhaitez en savoir plus sur les différents types de cannelle ? Cela tombe bien nous en parlerons le mois prochain.
Sources
http://www.bio-sante-mada.com/le-ravintsara/
https://edbm.mg/les-huiles-essentielles-de-madagascar-des-essences-convoitees-pour-leur-origine/